Comment faire une bonne répétition en groupe ?

Faire des concerts ça implique faire des répétitions. Se retrouver parfois dans un local qui sent la transpi, la bière, avec une vieille table de mix, un néon au plafond qui s’allume par intermittence.

C’est aussi se retrouver en groupe, tous ensemble, pour travailler sur le prochain concert, la prochaine session de studio ou simplement pour composer, essayer de nouvelles choses.

Cela dit, avec mon expérience de musicien, mais aussi plus récemment en tant que coach, j’ai pu observer qu’une répétition demandait beaucoup d’énergie et dépassait toujours largement le temps estimé.

C’est pourquoi j’aimerais en parler dans cet article. Parce que faire une bonne répétition, ça implique quelques principes très simples et qui peuvent pourtant réellement faire la différence à long terme.


1. Pourquoi est-ce que l’on répète ?

Avant de vous retrouver dans le local, il est important de comprendre l’objectif de la répétition. Est-ce pour préparer un concert ou une session de studio ? Est-ce pour composer de nouvelles chansons ou pour arranger des morceaux existants ?

Il arrive souvent que l’objectif ne soit pas le même pour tous les membres du groupe. Le guitariste pense qu’il est nécessaire de se concentrer en vue d'un concert important dans deux mois. Le bassiste considère qu'il est temps d'explorer de nouveaux sons pour éviter la redondance. Et le batteur a oublié qu’on était jeudi soir, donc il va arriver un peu plus tard, mais bon, le prochain concert est dans deux mois, donc pas de stress.

Le problème réside dans le fait que chacun crée son propre objectif dans son coin. Ensuite, survient le moment de la confrontation, accompagnée de longues discussions centrées essentiellement sur des reproches et des plaintes.

Ce qui favorise la cohésion d’un groupe, c’est de partager le même objectif. Et il suffit de pas grand-chose pour y arriver. Un petit message sur le groupe avant la répétition, pour définir ce qu’on fait, suffit à la rendre beaucoup plus agréable sur le moment.

Et s’il n’y a pas d’objectif précis, ça fait aussi du bien de faire une pause ou de s’amuser à travailler un morceau d’un style complètement opposé, juste pour découvrir un autre son.

2. Qu’est-ce que l’on répète ?

Je repense à mes premiers groupes où, à la fin d’un morceau, le chanteur annonçait un autre morceau à jouer. "3, 4, ça commence", criait-il. Le pianiste ne se souvenait plus vraiment des accords, le batteur avait pris un tempo beaucoup trop rapide. Le guitariste, malheureusement, n’avait pas choisi le bon effet de delay, mais on l'excusait, le pauvre. Et le chanteur avait oublié le deuxième couplet.

Le morceau se terminait enfin, et après un échange peu complice entre chacun, on passait au morceau suivant.

Je vais dire la phrase la plus importante de tout cet article : une répétition en groupe n’est pas une répétition personnelle.

Alors, comment faire ?

Normalement, si vous avez suivi le premier conseil, vous avez défini l’objectif global de la répétition. Ici, il s’agit de mieux préciser la répétition et de définir son contenu Le plus simple est de prendre un moment à la fin de la répétition pour déterminer les 3-4 morceaux pour la prochaine fois, dans le but que chacun arrive en connaissant ses parties.

3. Comment travailler un morceau ?

Il y a 3 étapes dans l’élaboration d’un morceau.

  1. La composition

    Un des musiciens arrive avec une idée, ou à l’issue d’une jam, il y a des idées qui donnent envie de composer. Dans ce cas, le travail est relativement libre, parce que c’est de la création. Je parle dans différents articles de quelques techniques pour composer un morceau, donc je ne vais pas m’éterniser sur cette étape.

  2. L’arrangement

    Dans cette étape, le morceau a été composé, voire est déjà disponible sur les plateformes d’écoute.

    Mais il faut adapter ce morceau pour le live parce qu’il n’y a pas les mêmes instruments à disposition.

    Dans ce cas, on retombe dans une phase créative, mais à ce moment-là, il est important que chacun parle le même langage.

    Et pour ça, chaque musicien doit avoir la même structure du morceau en tête.

    La structure comprend 2 choses primordiales.

    Les sections

    Couplet-Refrain-Bridge-…

    Le nombre de tour par section

    Un tour signifie une boucle d’accord.

    Par exemple, si vous avez 4 mesures d’accords différents :

    Am | C | F | G

    → On dira que c’est un tour de 4 mesures.

    Par exemple :

    Couplet : (2 tours de 4 mesures) ****

    Am | C | F | G | Am | C | F | G |

    Refrain : (4 tours de 4 mesures)

    Am | C | F | G | Am | C | F | G |

    Am | C | F | G | Am | C | F | G |

    En ayant tous la même structure en tête, vous allez pouvoir mieux communiquer et vous aurez une meilleure visualisation du morceau.

  3. Le rodage

    Vous avez défini les arrangements et maintenant, il est temps de faire “sonner” ce morceau.

    Pour savoir si vous êtes prêt en tant que musicien, il existe un test tout simple : êtes-vous capable de jouer le morceau complet tout seul avec pour seul accompagnement un métronome ?

    Par expérience, j’ai remarqué que beaucoup de musiciens se reposent sur la voix du chanteur principal pour savoir où ils en sont dans la structure du morceau. Cependant, cela pose un problème.

    Un musicien accompagne un chanteur, autrement dit, il lui fournit une base solide sur laquelle le chanteur peut s'appuyer.

    C’est pour ça que le travail sur la structure dans la deuxième étape est fondamental.

    Si chaque musicien parle le même langage et sait exactement où il en est dans le morceau, les dynamiques seront naturellement meilleures.

    Ce qui différencie un groupe ayant un gros son d'un groupe un peu faible, c'est principalement l'assurance de chaque musicien à jouer la bonne note au bon moment et de manière assumée.

    Si en tant que public, vous voyez le bassiste jeter un regard inquiet vers le guitariste qui se traduit par "c'est là ? ou c'est au prochain tour ?", vous êtes naturellement inquiet pour lui.

Conclusion

Optimiser une répétition en groupe exige de définir clairement ses objectifs. Partager un but commun permet d'éviter les malentendus et les frustrations qui peuvent surgir lorsque chaque membre a des attentes différentes.

Lorsqu'on aborde la répétition, il est essentiel de se rappeler qu'elle n'est pas une démarche individuelle, mais un travail d'équipe. Définir précisément les morceaux à travailler et assurer que chaque musicien maîtrise sa partie permet d'optimiser le temps passé ensemble.

Pour s'assurer qu'un morceau est bien préparé avant la répétition, il suffit de passer le test du métronome : être capable de jouer le morceau seul, sans aide extérieure. Cette approche favorise une meilleure compréhension de la structure et des dynamiques du morceau, contribuant ainsi à renforcer la cohésion et l'assurance de chaque musicien.

En adoptant ces pratiques, chaque répétition devient une opportunité de progression collective, où le travail d'équipe et la clarté des objectifs sont les clés d'une session productive et enrichissante.

Je suis curieux de connaître votre façon de répéter, est-ce que vous utilisez les mêmes principes ? N’hésitez pas à me les laisser en commentaire.

À la prochaine !


 
Joris Amann redacteur

À propos

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